Bulletin TP Express - Septembre 2019

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Encore une baisse de fréquentation des cégeps

Selon les données préliminaires recueillies par la Fédération des cégeps du Québec au mois d’août 2019, 171 429 étudiantes et étudiants étaient inscrits cet automne dans l’un ou l’autre des 48 cégeps du Québec, au secteur de l’enseignement ordinaire. Cette prévision est de 0,8 % inférieure à celle enregistrée à la même date l’an dernier. Sur le total de 171 429 étudiants, 77 888 sont de nouveaux inscrits au cégep, ce qui représente une hausse de 0,4 % du nombre d’étudiants qui entrent au cégep pour la première fois par rapport à l’an passé, soit 327 étudiants de plus.

« Il faut souhaiter que cette légère baisse constitue la fin de la courbe descendante qui illustrait la variation prévue de la population étudiante des cégeps entre 2014 et 2020, parce que les attentes à l’endroit des diplômés de l’enseignement supérieur, elles, sont en hausse», a indiqué M. Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps. En effet, il y avait 173 513 étudiants inscrits au cégep en 2014 contre 171 429 en 2019.

Par comparaison avec les données préliminaires recueillies à l’automne 2018, la population étudiante des collèges des régions suivantes est cette année  :

  • Abitibi-Témiscamingue : en baisse de 5 % (- 113 étudiants)
  • Bas-Saint-Laurent : en baisse de 3,3 % (- 186 étudiants)
  • Centre-du-Québec : en hausse de 1,9 % (+ 72 étudiants)
  • Chaudière-Appalaches : en baisse de 3,9 % (- 209 étudiants)
  • Côte-Nord : en baisse de 6,5 % (- 84 étudiants)
  • Estrie : en baisse de 3,3 % (- 234 étudiants)
  • Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine : en hausse de 2,3 % (+ 26 étudiants)
  • Lanaudière : en baisse de 0,9 % (- 57 étudiants)
  • Laurentides : en baisse de 0,7 % (- 76 étudiants)
  • Laval : en hausse de 3,5 % (+ 277 étudiants)
  • Mauricie : en baisse de 5 % (- 257 étudiants)
  • Montérégie : en baisse de 0,7 % (- 165 étudiants)
  • Montréal : en baisse de 0,2 % (- 97 étudiants)
  • Outaouais : en hausse de 0,1 % (+ 7 étudiants)
  • Québec : en baisse de 1,2 % (- 227 étudiants)
  • Saguenay—Lac-Saint-Jean : en baisse de 0,8 % (- 62 étudiants)

Les programmes d’études
Sur les 171 429 étudiants inscrits au cégep à l’enseignement ordinaire, 45,7 % sont au secteur préuniversitaire, 48,5 % au secteur technique et 5,8 % en Tremplin DEC. Les filles représentent 57,4 % de la population étudiante totale et les garçons, 42,6 %.

Au secteur préuniversitaire, neuf programmes sont offerts dans le réseau collégial public :

  • Sciences humaines
  • Sciences de la nature
  • Sciences, lettres et arts
  • Histoire et civilisation
  • Arts, lettres et communication
  • Musique
  • Danse
  • Arts visuels
  • Sciences informatiques et mathématiques

Les cégeps offrent aussi 16 programmes de double DEC préuniversitaire permettant aux étudiants d’obtenir deux diplômes d’études collégiales en trois années et proposent trois programmes de baccalauréat international. Plus de 70 programmes techniques sont par ailleurs offerts en formule DEC-BAC.

Les programmes les plus fréquentés au secteur préuniversitaire sont Sciences humaines et Sciences de la nature.

Au secteur technique, 133 programmes sont offerts par les cégeps dans l’une ou l’autre des cinq familles suivantes :

  • Techniques physiques
  • Techniques biologiques et Technologies alimentaires
  • Techniques humaines
  • Techniques de l’administration
  • Techniques en arts et en communications graphiques

Les programmes les plus fréquentés au secteur technique sont Soins infirmiers et Techniques de l’informatique.

Par ailleurs, plus de 26 400 adultes sont inscrits en formation continue créditée au cégep.

Près de 18 000 étudiantes et étudiants en situation de handicap fréquentent le cégep, soit treize fois plus qu’en 2007, alors que le réseau collégial public comptait seulement 1303 de ces étudiants.

Favoriser la diplomation
Si les cégeps souhaitent accueillir davantage d’étudiants, il va de soi qu’ils sont aussi préoccupés par la réussite scolaire de ceux qui évoluent déjà entre leurs murs. Le taux de diplomation au cégep, relativement stable au fil des ans, doit de toute évidence augmenter, et de trop nombreux étudiants quittent l’établissement qu’ils fréquentent sans y avoir obtenu de diplôme. Devant ces réalités multidimensionnelles et complexes, la Fédération des cégeps a mis sur pied, l’année dernière, un chantier sur la réussite scolaire pour mieux comprendre les facteurs qui freinent la diplomation des étudiants, de manière à pouvoir, dans l’avenir, mettre en place des conditions favorisant davantage l’obtention d’un diplôme. Dans l’optique de provoquer une réflexion plus large sur cette question, à l’échelle du réseau collégial, la Fédération tiendra aussi son prochain congrès bisannuel, en octobre 2019, sur le thème Oser la réussite.

Aborder les problèmes psychosociaux et troubles d’apprentissage
Sans connaître les conclusions des travaux de ce chantier sur la réussite, les cégeps savent déjà qu’un étudiant qui connaît des problèmes psychosociaux ou des troubles d’apprentissage, par exemple, nécessitera un soutien particulier pour cheminer avec succès jusqu’à l’obtention de son diplôme. Or, il n’est pas inutile de rappeler que les cégeps accueillaient en 2017 13 fois plus d’étudiants en situation de handicap qu’en 2007, le nombre de ces étudiants étant passé de 1303 à 17 872 au cours de cette période.
Les troubles d’anxiété chez les jeunes constituent une autre réalité émergente, sur laquelle les établissements doivent pouvoir agir. Les compressions budgétaires imposées au réseau collégial pendant les années qui ont précédé le récent investissement gouvernemental ont mis à mal l’offre de services destinée à ces étudiants. À titre d’exemple, on ne compte plus que 78 psychologues dans l’ensemble des 48 établissements du réseau collégial, alors qu’on en dénombrait 92 en 2012-2013. Dans la perspective d’offrir à toute la population étudiante des cégeps des chances égales de réussite, la Fédération fera les représentations qui s’imposent afin de s’assurer de la disponibilité des ressources nécessaires pour ainsi mener davantage de jeunes jusqu’à la réussite.

Résister à la pénurie de main-d’œuvre
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, la tentation est forte pour les employeurs d'aller chercher leurs recrues avant qu'elles n'aient obtenu leur diplôme en bonne et due forme. Une tentation à laquelle les patrons devraient résister car le fait d'avoir des diplômés est plus avantageux pour le Québec à long terme. Est-ce que les étudiants sauront y résister? Un jeune qui quitte le cégep sans diplôme prend un gros risque car la situation économique actuelle est temporaire. Les données statistiques illustrent clairement la nécessité de hausser les qualifications des employés au Québec. Par exemple, sur les 90 000 emplois créés en 2017, plus de 80 % demandaient déjà (et c’est une tendance à la hausse) une formation postsecondaire, selon Emploi-Québec.

Intensifier le recrutement international
La situation au Québec, sur le plan démographique et en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée, commande notamment une intensification des activités de recrutement d’étudiants internationaux que mènent ensemble la Fédération et différents cégeps. Ces étudiants constituent une richesse pour la communauté qui les reçoit et contribuent à la poursuite de l’objectif d’ouverture sur le monde que doit offrir la formation collégiale aux étudiantes et étudiants du Québec, mais ils viennent aussi éventuellement grossir le bassin de main-d’œuvre qualifiée si essentielle aux entreprises.

Miser sur le recrutement d’étudiants internationaux, qui s’intégreront au contact de leurs collègues dans les diverses régions du Québec et qui, à la fin de leur parcours, bénéficieront d’un diplôme québécois, constitue une clé maîtresse face aux enjeux d’intégration et de francisation de l’immigration au Québec.

Entre 2010 et 2016, les cégeps ont presque doublé le nombre d’étudiants étrangers qu’ils ont accueillis, cette proportion passant de 2091 à 3926 étudiants. Cependant, leur capacité d’accueil est bien supérieure à ce nombre. Au cours de la prochaine année, la Fédération et les cégeps voudront donc intensifier leurs efforts en ce sens. En parallèle, la Fédération entend également sensibiliser les différents ministères concernés, tant au provincial qu’au fédéral, à la nécessité de faciliter l’accueil des étudiants internationaux.

La formation en cours d’emploi : une réalité incontournable
Cette année, la Fédération insistera par ailleurs sur la nécessité de mener une réflexion et une discussion sur la formation en cours d’emploi. Un nouveau dispositif qui soutiendra les entreprises, les travailleurs et les établissements d’enseignement doit être mis en place afin de réagir à la piètre performance québécoise en matière de productivité. Les experts sont unanimes, désormais la formation initiale ne suffira plus pour permettre aux travailleurs de traverser les aléas de l’économie au cours de leur carrière. Dans cette perspective, les personnes en emploi devront constamment acquérir de nouvelles connaissances et pouvoir attester de l’acquisition de ces compétences et aptitudes. Miser sur les formations qualifiantes devient donc un incontournable pour la société québécoise. Une prise de conscience collective est nécessaire pour passer du modèle actuel basé sur la simple participation aux formations à un modèle qui mise sur l’acquisition de nouvelles compétences et l’attestation qui en fait foi. Pour ce faire, les établissements d’enseignement constituent des partenaires clés de l’économie du Québec.

Source :
https://fedecegeps.ca/communiques/2019/08/la-federation-des-cegeps-inquiete-pour-lavenir-du-quebec/
https://fedecegeps.ca/communiques/2019/08/legere-baisse-du-nombre-detudiants-au-cegep-2/
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1119280/cegep-etudiant-adulte-dec-technique-pre-universitaire-quebec