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BULLETIN TP EXPRESS - SEPTEMBRE 2009


PAS DE FUMÉE SANS SMOG!
RÉGLEMENTATION SUR LES SYSTÈMES DE CHAUFFAGE AU BOIS
Par Gaétan Tremblay

Pour la majorité des gens, un feu de foyer constitue un plaisir inoffensif et légitime. Cette appréciation est contestée par les experts de la santé publique qui y voit une habitude potentiellement nocive. En avril dernier, la Ville de Montréal édictait un règlement pour limiter le chauffage au bois.

En effet, il est maintenant interdit d’installer de nouveaux systèmes de chauffage au bois sur tout le territoire de la Ville de Montréal. Toutefois, les appareils à granules de bois, au gaz naturel et au propane sont permis. La réglementation vise ainsi à réduire la durée et le nombre des épisodes de smog hivernal qui sont la cause avérée de maladies respiratoires, bronchites et asthmes chez une population à risque, dont les jeunes enfants et les personnes âgées.

Pollution par le smog
On en fait l’expérience chaque hiver. Dans certains quartiers, l’air devient quasi irrespirable, parce que saturé de fumée de bois. Cette fumée est dommageable. Elle contient des particules de l’ordre de 2,5 microns, des particules si fines qu’elles pénètrent profondément dans les poumons pour y développer avec le temps des affections parfois permanentes. De plus, cet air pollué véhicule une bonne centaine d’agents polluants, dont plusieurs sont cancérigènes.

somnolence

En quelques années, une habitude synonyme d’un confort douillet et bon enfant est devenue un choix social et écologique contestable. Preuves à l’appui, les spécialistes en santé publique désignent le chauffage au bois comme la source la plus importante de smog hivernal. Le chauffage au bois est en effet le principal producteur des émissions de particules fines soit 47 %, contre 15 % pour le transport routier et 33 % pour l’activité industrielle. Selon l’Association pulmonaire du Québec, ces émissions seraient annuellement responsables de plus de 6 000 cas de bronchites infantiles et de 40 500 jours de manifestation de l’asthme seulement dans la région de Montréal.

On a constaté au cours des dernières années une dégradation de la qualité de l’air en hiver. Au cours de l’hiver 2008-2009, le smog hivernal a sévi une cinquantaine de jours. Le phénomène est en augmentation; en 2005, année connue pour avoir été la pire à ce chapitre, on n’avait pourtant compté que 16 de ces journées.

Solution incomplète
La nouvelle réglementation paraît donc une solution qui s’imposait. Le hic, — c’est le point de vue de plusieurs organismes à caractère environnemental – c’est que 55 000 systèmes de chauffage au bois (foyers ou poêles à combustion) sont toujours en utilisation sur le territoire montréalais. De plus, ces appareils, souvent vieux de 20 ou 30 ans, fonctionnent bien en deçà des normes qui s’appliquent notamment aux États-Unis. Ils sont donc souvent très peu efficaces sur le plan de la combustion.

Trop peu, bien tard
Des organismes préoccupés d’environnement, comme le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) ou Equiterre, sont d’avis que la municipalité s’est contentée de freiner l’évolution du problème sans remédier à la situation elle-même. Ainsi, la solution appropriée consisterait à contraindre leurs propriétaires actuels à éliminer et remplacer les équipements désuets par des systèmes au gaz naturel, au propane ou à granules de bois. Les organismes proposent une période de transition de sept ans. Ils suggèrent également que la mise en place de cette solution globale soit facilitée en l’accompagnant de mesures fiscales susceptibles d’aider les propriétaires à effectuer la transition. Bien qu’ils la jugent insuffisante, ces organismes espèrent quand même que l’initiative posée par Montréal incitera d’autres municipalités à s’engager dans la même direction.

L’industrie
L’industrie partage partiellement le diagnostic, mais non le remède. La transition technologique qu’elle propose ne va pas jusqu’à rejeter le bois en tant que combustible. L’Association des professionnels du chauffage (APC) regroupe des entreprises qui fabriquent, importent, vendent ou font l’entretien des systèmes de chauffage au bois. Selon cette association, la réglementation montréalaise est une réaction totalement unidimensionnelle. Elle ne tient pas compte des facteurs économiques et sociaux associés à l’utilisation responsable du bois de chauffage. Elle serait inapplicable à l’échelle du Québec. Au lieu de faire disparaître tous les systèmes de chauffage au bois, l’Association propose le remplacement des vieux appareils peu efficaces par des équipements conformes à la norme EPA/CSA B415 ou par des appareils à haute efficacité au gaz. Elle rappelle que les appareils respectant la norme de l’Environmental Protection Agency des États-Unis émettent de 60 % à 90 % moins de particules de fumée tout en consommant 33 % moins de combustible. Cette solution, acceptée ailleurs au Canada, pourrait être appliquée sur l’ensemble du Québec où aucune réglementation n’est actuellement en vigueur.




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