BULLETIN TP EXPRESS - OCTOBRE 2009

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Xavier Guillaud, T.P., expert environnemental en industrie électronique
Prix de l’innovation technologique 2009
Par Gaétan Tremblay

Xavier Guillaud, T.P., est métrologue, une spécialisation méconnue, mais essentielle à l’industrie manufacturière. Préoccupé par l’environnement, promoteur de l’écoconception et des normes en fabrication électronique, il est une bougie d’allumage pour l’industrie. Chef d’entreprise, il voit dans les PME innovatrices une richesse dont l’OTPQ est un des leviers. Ses multiples initiatives lui ont valu le prix de l’Innovation technologique 2009.

Xavier Guillaud, T.P., est formé en instrumentation par l’armée de l’air française où il est radariste de bord. Il profite du fait que cette spécialisation est aisément transposable en métrologie, domaine dans lequel il exerce en France pendant une dizaine d’années. L’aventure québécoise l’attire. Informé, à tort, que sa formation en électronique a peu d’avenir ici, il étudie en environnement industriel. Pourtant, lorsqu’il débarque en Amérique du Nord en 1995, c’est la métrologie qui lui procure presque immédiatement un emploi. Les métrologues sont essentiels à l’industrie. Comment fabriquer et commercialiser des produits sans s’assurer de la qualité des mesures? Pourtant, ils étaient — et sont toujours — denrée rare au Québec. Ce premier emploi l’initie aux habitudes de travail nord-américaines. En quelques années, Xavier Guillaud se bâtit une solide réputation. Il participe au développement de plusieurs laboratoires de métrologie électrique jusqu’à ce qu’il fonde ppm métrologie inc. en 2005.

Cette année fut un moment charnière. Xavier Guillaud assume alors la vice-présidence du Regroupement de l’industrie de l’électronique (RIE). Afin d’exporter leurs produits, les fabricants d’électronique doivent se conformer aux normes internationales visant l’élimination du plomb de la fabrication (RoSH) ou le recyclage de métaux rares rejetés dans l’environnement (DEEE), un désastre écologique et économique. Il mène alors une opération de sensibilisation et de formation dans l’ensemble de cette industrie. Il se fait le promoteur de l’écoconception, c’est-à-dire l’intégration des exigences environnementales dans la conception des produits. Ces activités, qui s’exercent en marge de son travail de métrologue, donnent lieu à de multiples initiatives.

Un éventail de participation
Au cours des années qui suivent, son expertise se concrétise dans des actions régionale, nationale et internationale. La MRC Haute-Yamaska s’adresse à lui pour la mise au point d’un système de gestion des déchets électroniques écologiquement nocifs (ordinateurs, etc.). Chargé de cours à l’Université de Sherbrooke, il sensibilise les futurs ingénieurs à l’écoconception. Pour la Commission scolaire de Granby, il met sur pied un service en écoconception destiné aux entreprises de la région; il en est le consultant. Par le biais de cette association, Xavier Guillaud signe ensuite un important partenariat avec le Bureau Veritas, un organisme, regroupant 160 pays, qui émet des certificats de conformité pour l’exportation de produits électroniques. En Europe, Xavier Guillaud donne des conférences dans plusieurs universités. Sa formation européenne et les habitudes de travail acquises ici lui permettent de jeter un pont entre les deux cultures.

Au Québec, Xavier Guillaud est un des rares experts en environnement industriel, volet électronique. Il participe à divers congrès. Il collabore avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) sur le REP (Responsabilisation élargie aux producteurs) qui concerne la mise en place, prévue en 2010, d’écotaxes sur divers produits : piles, ordinateurs, écrans, etc. Enfin, tant que membre du Regroupement des professionnels de l’exportation (REPEX), il participe à la création d’un portail Internet qui informera les fabricants sur toutes les normes qui s’appliquent à leurs produits.

Métrologue d’abord
Ce trop-plein d’activités oblige Xavier Guillaud à prendre du recul. Son entreprise, qui décroche maintenant des contrats en Europe, demeure sa priorité. Quant au volet environnemental, il compte s’en remettre à des partenaires pour continuer son action. Le développement de la métrologie lui tient également à cœur. Le Québec manque de métrologues. Il travaille donc avec des commissions scolaires à l’élaboration d’une formation de niveau DEP. Il collabore aussi avec le CRIQ et l’IREQ au développement des formations adaptées au Québec.

Ses nombreux projets ne l’ont pas empêché d’accepter d’autres engagements communautaires. Il est président du Conseil consultatif environnemental de Shefford et il participe à un comité pour la sauvegarde d’un parc régional.

Communicateur
Tous ces intérêts ont amené Xavier Guillaud à renouer avec une de ses passions : l’histoire. Invité par la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain, il donne des conférences dans des écoles secondaires où il utilise l’histoire pour allumer l’intérêt des élèves. Il explique comment les normes monétaires ont permis à l’humanité de jeter les bases du commerce international.

Passionné par ses nombreux projets, Xavier Guillaud a dû délaisser ses loisirs — tir à l’arc, tir au pistolet, marche et lecture — pour se tenir informé. Il consacre deux heures quotidiennement pour absorber tout sur l’actualité.

Un maillon essentiel
Membre de l’OPTQ depuis 2007, Xavier Guillaud est T.P. par conviction réfléchie. « Le technologue est essentiel à l’industrie québécoise, affirme-t-il. C’est un maillon indispensable dans la chaîne professionnelle. Aussi, son titre professionnel devrait être réservé. L’OTPQ joue un rôle très utile pour le Québec en reconnaissant les diplômes et les compétences en technologie, et en balisant la pratique par un code d’éthique et des mécanismes de protection du public. »

« L’Ordre a une énorme tâche à accomplir en ce qui regarde l’enseignement, poursuit le lauréat au Prix de l’innovation technologique. J’ai une grande inquiétude concernant une possible pénurie de main-d’œuvre spécialisée. Cette main-d’œuvre manque aux PME. L’immigration ne peut pallier ces besoins, les jeunes québécois doivent être intéressés aux carrières technologiques. »

Prodigue en temps et en connaissances, et d’une grande humilité, Xavier Guillaud est animé d’un désir d’apprendre et de comprendre. Esprit ouvert, il met à profit sa capacité d’analyse des situations. Aux antipodes de l’hyperspécialisation, il fait appel à une transversalité qui permet d’établir des liens. Il a le sens, parfois trop rare, du devoir. « Quand on détient des connaissances, on a un rôle à jouer, dit-il. On n’a pas le droit de rester dans son coin. Il faut agir pour sa collectivité. » Xavier Guillaud, T.P., n’hésite pas lorsqu’il croit qu’il peut être utile.