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BULLETIN TP EXPRESS - Mars 2012


Les tendances en architecture vues par les TP
par Stéphane Gagné, journaliste

Style château ou contemporain, maisons certifiées LEED ou Novoclimat? Quelles tendances observe-t-on en habitation? Les technologues en architecture sont aux premières loges et donc bien placés pour nous en parler.


Style comptemporain

Style cottage champêtre

Style château

Le contemporain à la mode
De l’avis de tous les technologues interrogés, le style contemporain connaît un regain de popularité. Il est caractérisé par les lignes épurées, des formes plus carrées ou rectangulaires et l’usage de verre sur de plus grandes surfaces. Bref, un style clairement plus moderne. « Les pentes de toit sont plus douces, affirme Sylvain Charrette, T.P., directeur de l’agence Dessin Drummond de Longueuil. On a même réalisé plusieurs projets avec des toits plats. Les couleurs sont agressives, le bois teint est foncé et les bardeaux noirs. » Cependant, tous ne sont pas intéressés par ce style. La maison de campagne a toujours la faveur d’une catégorie de personnes, selon M. Charrette.

M. Charette constate aussi que les maisons individuelles de 2000 à 2300 pieds carrés de surface, avec garage double, construites sur de grands terrains sont encore très populaires. Mais cela ne durera pas, selon Patrice Paillant,T.P., directeur de l’Agence Dessins Drummond pour les secteurs Terrebonne-Mascouche. « Les terrains sont de plus en plus rares et de plus en plus petits, ce qui oblige les constructeurs à bâtir des maisons plus petites. »

Vers des maisons plus vertes

Côté environnement, les choses évoluent aussi. Tous les technologues interrogés croient qu’on se dirige inévitablement vers des habitations plus écologiques, avec une utilisation plus grande de matériaux verts. La nouvelle norme en habitation, plus écoénergétique et semblable à la norme Novoclimat actuelle, obligera d’ailleurs ce virage. En vigueur en juillet prochain, elle forcera un changement de culture chez les entrepreneurs et tous les spécialistes oeuvrant dans le domaine de l’habitation dont les technologues en architecture. Selon le gouvernement, cela permettra de réduire la consommation d’énergie de 25 % dans les nouvelles habitations.

Pour l’instant, l’usage de matériaux verts ou plus performants n’est pas encore très répandu, selon Éric Provost, T.P., chargé de projet et d’exécution chez Lemay et associés. « La perception que cela coûte plus cher est encore très présente même si cela n’est plus vrai pour bien des matériaux. » Selon lui, les entrepreneurs devront être sensibilisés davantage à l‘existence de ces matériaux et informer à leur tour leurs clients sur leurs bénéfices.

Car le prix demeure un facteur déterminant. « On suggère souvent dans nos plans, l’emploi de matériaux plus écologiques et performants, mais en fin de compte, si c’est plus cher, le choix du client va souvent pencher pour un produit plus économique et moins performant, dit Patrick Nadeau, T.P. et président de Tech Design, une entreprise spécialisée en rénovation écoénergétique. Ceux qui optent pour des matériaux vraiment écoénergétiques et performants sont encore une minorité. »

Des systèmes verts plus sophistiqués, on n’en voit pas beaucoup encore.  « Des panneaux solaires, de la géothermie et des éoliennes, on n’en voit pas du tout dans les projets que nous réalisons, affirme M. Charrette qui croit que cela est dû au fait que ces systèmes coûtent cher et que les propriétaires ne peuvent pas les rentabiliser en vendant, à bon prix (comme en Ontario), l’énergie excédentaire qu’ils produisent à Hydro-Québec.

M. Charrette croit qu’il faut poursuivre la sensibilisation auprès de la clientèle pour faire connaître ses systèmes et les autres. Ainsi, certains systèmes moins chers connaissent un regain de popularité. Ex. : un récupérateur de chaleur des eaux grises « Plusieurs de nos clients en ont fait installer, dit-il. Le système est intéressant puisqu’il se rentabilise rapidement. »

La nouvelle norme en habitation

L’avènement de la nouvelle norme changera-t-elle les choses dans le bon sens? Attendue depuis 2007, elle est perçue différemment selon les technologues. Éric Provost croit que le fait de ne pas obliger de test d’infiltrométrie et d’inspections dans une maison neuve super isolée (tel qu’exigé dans la norme Novoclimat actuelle), pourrait entraîner des problèmes de moisissures si les problèmes d’étanchéité à l’air ne sont pas détectés.

Un bon coup cependant sera l’obligation d’installer à la grandeur de la province un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC) dans les nouvelles résidences. Jusqu’ici seulement la moitié des municipalités du Québec en faisaient une exigence. « Beaucoup de choses vont changer avec la nouvelle norme, car les exigences seront provinciales et non plus municipales, affirme Alain Boucher, T.P., inspecteur chez Qualité Habitation. Cela permettra une plus grande uniformité, des économies d’énergie et un rehaussement de la qualité dans la construction. »

Plus de maisons certifiées LEED et Novoclimat?

Avec l’intégration de plusieurs éléments de la norme Novoclimat dans l’habitation, qu’adviendra-t-il de la certification Novoclimat? « La certification pourrait devenir plus populaire, car elle sera plus accessible, » croit M. Provost. Rappelons qu’actuellement, seulement 10 % des maisons sont certifiées Novoclimat.
Pour la certification LEED, ce pourcentage est encore plus faible (à peine 1 %). Et pour Alain Boucher, la certification dans l’habitation individuelle va demeurer marginale en raison de sa complexité et de ses coûts. « Elle deviendra plus populaire dans les complexes d’habitation multilogement car les constructeurs peuvent en amortir les frais sur plusieurs unités. » Le développement immobilier Faubourg Boisbriand, pour qui le promoteur a adopté la norme LEED pour toutes les unités en est un bon exemple. 

La maison idéale vue par le T.P.

Chaque technologue a sa vision de ce que devrait être la maison idéale. Pour Éric Provost, cette maison devrait être très bien isolée et avoir un bilan énergétique nul (des maisons Net zéro ou encore Équilibrium). « Elles pourraient même vendre leur énergie excédentaire au réseau. »

Notre technologue Patrick Nadeau opte aussi pour une maison entièrement autonome en énergie. Selon lui, elle devrait être conçue pour tirer partie de l’énergie solaire, passive et photovoltaïque et très bien isolée avec, par exemple, l’emploi de coffrages isolants.

Pour Patrice Paillant, la maison idéale devrait être certifiée Novoclimat, être d’architecture de type manoir (un style qu’il aime bien) et être bien équipée en nouvelles technologies telles que la domotique.
Sylvain Charrette, lui, opte pour une maison très bien isolée avec des murs à double paroi, revêtue avec un parement de bois torréfié, et dotée d’un toit en acier « parce que c’est plus durable. »
Alain Boucher opte pour une maison construite selon la nouvelle norme à venir et avec des matériaux préfabriqués. « Le préfabriqué réduit la quantité de déchets sur les chantiers. »

Former et éduquer

Plusieurs technologues estiment toutefois qu’ils ne sont pas bien préparés pour faire face aux nouvelles tendances. Mis à part certaines entreprises qui offrent de la formation continue à ses employés (comme Dessins Drummond), les technologues croient qu’il faudrait accroître la formation. Plusieurs s’en sortent en s’informant eux-mêmes sur les nouveaux matériaux et les nouvelles tendances, mais ils seraient favorables à davantage de formation structurée.

Par exemple, les technologues seront-il prêts à intégrer dans leur travail les nouvelles exigences qui seront en vigueur en juillet prochain? La plupart disent non. « L’Ordre devrait pousser pour que les technologue se mettent à jour à ce niveau, » dit M. Boucher.

 


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