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BULLETIN TP EXPRESS - MARS 2009


LUC MASCOLO, T.P., DE LA DÉTERMINATION À TOUTE ÉPREUVE
Par Gaétan Tremblay                                                    

Luc Mascolo, T. P., est la seule personne sourde diplômée en génie civil au Québec. Bénévole, il crée un service d’interprétation pour les sourds. Il est une personnalité exemplaire par sa détermination et son dynamisme. L’entrevue a été réalisée par le truchement d’une interprète.

Natif de Sherbrooke, Luc Mascolo, T.P., naît sourd. Jamais il n’entendra la voix humaine. Aussi, le français demeurera une langue étrangère, sa véritable langue maternelle étant le langage des signes québécois. Il fait son primaire dans une école spécialisée de Montréal. En 1974, un projet pilote d’intégration lui permet d’entreprendre son cours secondaire à l’école Lucie-Pagé. Le projet s’interrompt après le 4e secondaire. Alors qu’on lui conseille d’abandonner les études comme le font beaucoup de personnes sourdes, Luc Mascolo, T.P., insiste pour continuer. Il termine son 6e secondaire à l’école Le Triolet de Sherbrooke. Encouragé par ses professeurs, il décide d’entreprendre des études collégiales. Il choisit le génie civil autant pour demeurer à Sherbrooke que par affinité. En effet, étant inhabiles à maîtriser la langue parlée et écrite, les malentendants sont plus à l’aise avec le concret et les calculs mathématiques. Il est officiellement admis jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il est sourd. Le refus est motivé par l’absence de services adaptés. Ses enseignants interviennent, et le cégep revient sur sa décision.

Les débuts sont difficiles, la communication étant la principale limitation. Certains enseignants l’appuient, d’autres sont ouvertement réticents. Comme il n’y a pas d’interprètes, quelques-uns de ses professeurs acceptent de lui consacrer du temps après les cours. Il recourt également au système « D », glanant les informations sur les cahiers de notes de ses condisciples. Il persévère et obtient son diplôme collégial en 1984. Il devient la première personne sourde à obtenir un diplôme collégial et toujours la seule à exercer en génie civil. Pendant les cinq premières années de sa vie professionnelle, il est contractuel pour un laboratoire d’analyse des sols. Il obtient ensuite un poste permanent de technicien en génie civil au soutien des projets à la gestion de l’eau de la Ville de Sherbrooke. Il s’intègre facilement dans un milieu qu’il connaît bien, son père ayant été directeur général de la municipalité. Ses tâches consistent à produire des plans de projets en aménagement urbain tels que des passages piétonniers. Il relève le défi quotidien malgré une communication réduite. L’entourage réagit positivement; plusieurs apprennent même le langage des signes. Luc Mascolo, T.P., adhère à l’OTPQ qui lui procure un environnement professionnel.

Bénévolat

Inspiré par sa propre situation, Luc Mascolo, T.P., œuvre bénévolement pour améliorer la situation des personnes atteintes de surdité de sa région. Il est membre du conseil d’administration de l’Association des sourds de l’Estrie (ASE) dont il participe à la restructuration. En 1987, à titre de président fondateur, il met sur pied le premier organisme régional de service d’interprétation au Québec. Ces services sont nécessaires pour accorder plus d’autonomie aux personnes. Il travaille à la formation des sourds et des interprètes. Il met sur pied et enseigne le cours en langue des signes québécois (LSQ). Il est aussi membre du comité du dictionnaire en LSQ. Ses actions sensibilisent la société aux besoins des personnes sourdes et malentendantes. Il participe à des émissions de télévision adaptée et lance le Mois de l’ouïe et de la parole en Estrie.

Luc Mascolo, T.P., rêve d’une société où toutes les difficultés sont aplanies. Même si tous ses espoirs ne se sont pas réalisés, ses efforts ont des effets bien concrets. Pendant plus de vingt ans, Luc Mascolo, T.P., a exercé un leadership exemplaire. Il est un modèle pour quiconque a une cause à défendre. Le technologue professionnel est devenu une personnalité régionale interviewée par les médias locaux. Plusieurs récompenses lui ont été décernées : le Prix Raymond-Dewar 2006, le prix Louis-Beaupré de Centraide Estrie pour le bénévolat et le Prix À part entière de l’Office des personnes handicapées pour la région de l’Estrie.



 



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