PUBLICATIONS
|
Accueil
» Accès au public » Publications » Bulletin TP Express
Technologie minérale Les risques liés à l’exploitation des gaz de schiste
En se basant sur l’expérience d’extraction aux États-Unis, on a toutefois une petite idée de ce qui pourrait survenir ici. D’abord, lors du creusage du puits, les ouvriers traversent des nappes phréatiques. Pour que le gaz extrait n’entre pas en contact avec l’eau de ces nappes, on coule une gaine de béton autour du puits. «Ce béton n’est pas fait pour résister pendant des décennies et il n’y a aucune garantie que le gaz n’entrera pas en contact avec l’eau», affirme Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal et auteur du livre La révolution des gaz de schiste. Surviennent ensuite les risques géologiques associés à la technique d’extraction. Pour extraire ces gaz, l’industrie utilise la fracturation hydraulique, une méthode développée par un prospecteur texan, Georges T. Mitchell, dans les années 2000. Une fois le forage fait, la méthode consiste à injecter dans le sol de grandes quantités d’eau (10 à 20 millions de litres par puits, selon l’expérience américaine) à laquelle on ajoute des produits chimiques. Ces produits chimiques servent à faciliter la fracturation du shale d’Utica, la formation géologique présente au sud du Saint-Laurent dans laquelle se trouve le gaz. Or, en fracturant ainsi le shale, on en modifie la structure. Selon l’éminent géologue Marc Durand (cité dans La presse, février 2011), on rend le shale plus perméable et on ajoute de la pression en profondeur. M. Durand craint alors que l’eau très saline située sous la formation géologique ne vienne contaminer le shale. Le shale de Lorraine, situé au-dessus du shale d’Utica pourrait aussi être modifié et l’eau injectée pourrait se frayer un chemin vers la nappe phréatique, située plus haut dans le sol. Conséquence : contamination possible. Autre problème : la méthode d’extraction des gaz est peu efficace. «En fissurant le roc par fracturation hydraulique, seuls 20 % du gaz est extrait, affirme M. Mousseau. Le 80 % du combustible restant migre alors lentement dans le sol vers une destination inconnue.» L’eau, un enjeu majeur
Ensuite, une fois cette eau utilisée, plus de la moitié revient à la surface. Que fera-t-on de cette d’eau salée et contaminée par les produits chimiques utilisés pour faciliter l’hydrofracturation? «Il n’y a pas au Québec d’usines d’épuration équipée pour la traiter,» affirme M. Mousseau. De plus, en attendant un traitement adéquat, l’eau doit être retenue dans des bassins de rétention. Or, l’expérience américaine illustre bien les problèmes qui pourraient survenir. Selon des données compilées par la Pennsylvania Land Trust Association, plus de 800 des infractions commises par les gazières (en Pennsylvanie) sur une période de 18 mois, à partir de janvier 2008, concernaient des déversements ou une mauvaise gestion des eaux contaminées. Le gaz extrait est aussi une source de préoccupation. C’est que ce combustible peut s’infiltrer dans les structures de surface, dont les habitations, et causer des risques d’explosion. Il peut aussi y avoir une explosion de gaz en tête de puits, causant un incendie. Enfin, une mauvaise conception du puits peut entraîner une fuite incontrôlable du gaz dans l’atmosphère tel que cela s’est produit en Montérégie, au puits appartenant à l’entreprise Cambrian. En mars dernier, le gouvernement du Québec avait alors exigé sa fermeture définitive. |
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||