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BULLETIN TP EXPRESS - Juin 2012



Des luminaires solaires et éoliens à l’avant-garde
par Stéphane Gagné, journaliste

Édouard Aubé, Patrice Simoneau et Francis Tourigny de l'entreprise AESP à Saint-Eustache, ont trouvé une solution originale pour réduire la dépendance mondiale aux énergies fossiles. Ils ont développé des lampadaires avec lumières DEL qui fonctionnent entièrement à l’énergie solaire et éolienne. Des endroits aussi lointains que Dubaï et l’Inde et des municipalités québécoises se sont déjà montrés intéressées à en acquérir. Et ce n’est qu’un début.

Des luminaires intelligents


Le lampadaire utilise une technologie déjà éprouvée où l’énergie emmagasinée le jour par le biais des panneaux solaires et de l’éolienne est libérée le soir et la nuit pour l’éclairage. Ce qui est innovateur est la composante informatique, en instance de brevet. Leur produit se distingue par son intelligence. « Chaque luminaire a une composante informatique, affirme Francis Tourigny, responsable des projets internationaux chez AESP. Le gestionnaire peut ainsi à distance, contrôler l'intensité lumineuse, éteindre ou allumer le luminaire de leur choix, vérifier si la pile de chacun d'entre eux est suffisamment chargée ou si l'ampoule DEL doit être remplacée, etc. »

Pour un groupe de plusieurs luminaires,  il est intéressant d’installer un contrôleur maître dans un luminaire

. Celui-ci émet ensuite un signal pour tous les autres poteaux lorsqu’il y a changement à la programmation,  dit M. Tourigny. Tandis que pour les installations de quelques luminaires seulement, cela devient moins pertinent, car « le technicien peut se rendre sur place et changer la programmation des appareils avec Blue tooth et en profiter pour remplacer les ampoules. »

Les modifications qui peuvent être apportées à la programmation (ex. : réduction de la luminosité) ont notamment l’avantage de diminuer la consommation d’énergie. Ce qui a pour effet d’allonger la durée de la pile (qui doit être changée aux 5 à 8 ans) et la durée des lampes DEL (une technologie très durable qui consomme déjà peu d’énergie).

Pour M. Tourigny, cela représente une grande amélioration sur ce qui existe actuellement. « En ce moment, c’est une cellule photovoltaïque qui dicte à quel moment le luminaire doit s’allumer et s’éteindre, mais cela fait souvent défaut, » dit-il

Ces luminaires offrent aussi d’autres avantages. « Ils permettent une réduction des émissions de gaz carbonique, dit Édouard Aubé, président et co-fondateur d’AESP, un fabricant de pièces d’acier de Saint-Eustache. Ils n’ont pas besoin d’être raccordé au réseau puisqu’ils sont 100 % autonomes, ce qui les rend très intéressants dans les régions éloignées ou dans les régions où le réseau électrique est encore peu développé. »

Un marché international et aussi local

 C’est le cas de l’Afrique et le Moyen Orient. « Dans ces régions, soit il manque d’électricité, soit le réseau n’est pas assez étendu. Les entreprises de services publics sont souvent forcées de faire du délestage pour répondre aux besoins les plus pressants. De plus, le coût de l’électricité est très élevé, » dit M. Tourigny. Les luminaires autonomes d’AESP auront l’avantage de ne pas surcharger le réseau, d’être fiables et de pouvoir être installés dans des zones non desservies par le réseau.

C’est d’ailleurs en visitant des pays d’Afrique et du Moyen-Orient que M. Tourigny a eu l’idée de développer ce type de luminaires. Il ne s’est pas trompé, les besoins sont là. Des partenaires financiers à Dubaï se sont d’ailleurs montrés intéressés à embarquer dans l’aventure. Ensemble, ils visent le marché du Moyen-Orient et l’Inde.  « Afin de réduire les coûts de transport,  les poteaux seront fabriqués en Inde et la technologie informatique et éolienne sera produite ici, » dit-il.

Les luminaires sont aussi intéressants pour les municipalités québécoises. Par exemple, dans les parcs et espaces verts, ils permettront de préserver l’aspect naturel des lieux en évitant de passer d’inesthétiques poteaux électriques. « C’est aussi intéressant pour les municipalités nordiques non branchées sur le réseau, car celles-ci sont alimentées par de polluantes centrales thermiques au pétrole ou au gaz naturel. Certaines comme Aguanish, près de Natashquan, se sont déjà montrées intéressées,» poursuit M. Tourigny.

L’avantage du solaire-éolien

Mais pourquoi alimenter les luminaires avec le solaire et l’éolien à la fois? Réponse : pour accroître leur efficacité.  « Les panneaux solaires fonctionnent moins bien lors de grandes chaleurs, explique M. Tourigny. Au-delà d’une température de 25 degrés, il y a une perte d’efficacité de 0,5 % pour chaque degré supplémentaire. Le vent, souvent présent dans les régions que nous ciblons, peut alors prendre la relève. »

L’éolienne à axe vertical choisie par AESP a d’ailleurs une grande efficacité, elle fonctionne même lors de faibles vents, car l’alternateur installé n’offre aucune résistance à bas régime.

Une tendance qui s’installe


De plus en plus au Québec, on voit du mobilier urbain (horodateur, luminaires, abribus) fonctionner à l’énergie solaire. Mais le Québec est plutôt en retard sur les autres pays concernant les applications solaires, selon Benoit Perron, président d’Énergie solaire Québec. M. Perron donne l’exemple de l’Allemagne qui est très avancée dans le domaine des énergies renouvelables.

Cependant, le duo DEL-énergie solaire encourage l’expansion du marché des luminaires solaires. « Le DEL et le photovoltaïque sont deux matériaux qui se marient bien puisqu’ils exigent peu d’entretien et sont très durables, affirme M. Perron qui mentionne que ce type de luminaires a été installé notamment dans le quartier des spectacles à Montréal par l’entreprise Solaire Expert de Laval. Il déplore le fait que les gouvernements québécois et canadien ne s’intéressent pas davantage à cette source d’énergie au grand potentiel. 

D’ailleurs, le Québec profite d’un niveau d’ensoleillement enviable. Selon la Société de l’énergie solaire du Canada, Montréal enregistre un potentiel photovoltaïque annuel de 1 185 kilowatts/heure (kWh) sur une surface plane. Ce qui est beaucoup plus que Londres (728 kWh), Paris (938 kWh) ou Berlin (848 kWh).


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