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BULLETIN TP EXPRESS - DÉCEMBRE 2008


CULTIVER LA FÉÉRIE DE NOËL : LE TRAVAIL DES PRODUCTEURS DE SAPINS DU QUÉBEC
Par Gaétan Tremblay                                                    

Quoi qu’on en dise, Noël et le Nouvel An sans un sapin laissent un piètre souvenir. Rien ne remplace l’odeur unique du sapin naturel pour laquelle les producteurs se préparent pendant une décennie.

La production de sapins de Noël est une activité agro-forestière bien à part. Le Québec exporte des sapins (à l’état naturel ou cultivé) depuis plus de 70 ans. En 2006, plus d’un million d’arbres ont été exportés et près de 500 000 vendus sur le marché canadien pour un revenu annuel d’environ 35 millions de dollars. Québec arrive au deuxième rang pour les superficies cultivées au Canada et il exporte la moitié de la production du pays. Les États-Unis en absorbent 96,4 %. Selon les années, les 3,6 % restant parviennent aussi loin que l’Amérique du Sud ou le Japon. L’Estrie est la championne québécoise avec 120 entreprises et près des deux tiers de la superficie en culture. La Pépinière Downey, située à Cookshire-Eaton, est l’une de ces entreprises. Son propriétaire, Larry Downey, est président de l’Association canadienne des producteurs d’arbres de Noël (ACPAN).

Étapes de la production

Les sapins québécois sont majoritairement cultivés. Deux espèces dominent la production : le sapin baumier et le sapin Fraser. Le premier est bien adapté à nos conditions climatiques et il offre une belle apparence. C’est le plus apprécié des Québécois. Le second est plus difficile à cultiver, mais il résiste mieux à la chaleur. Il est destiné à l’important marché du sud des États-Unis.

Le producteur de sapins n’est pas parmi les gens pressés. Il faut jusqu’à une quinzaine d’années avant de penser tirer un profit d’une nouvelle production. Cinq ans sont nécessaires pour passer de la graine au plant mis en terre, et environ dix de plus pour parvenir à l’arbre commercialisable. Les plants sont habituellement issus de pépinières spécialisées. La densité d’une plantation se situe à environ 3 300 arbres par hectare. La moyenne des fermes québécoises compte 50 hectares en production.

Les sapins cultivés poussent dans un sol agricole parfaitement drainé. Le sol argileux est donc à bannir. Idéalement, on choisit un loam sableux comme on en trouve en Estrie. Le sol est amendé et débarrassé de ses mauvaises herbes avant de recevoir les plants à racines nues ou en pot.

La taille annuelle est l’activité la plus importante du producteur. Elle s’effectue à partir de quatre ans jusqu’à ce que le sapin soit coupé pour la vente. Elle est faite du début juillet à la fin de septembre. Pour faire face à un manque croissant de la main-d’œuvre locale, les producteurs doivent de plus en plus recourir à des travailleurs latino-américains.

Les sapins destinés à la vente sont prélevés pendant la période qui va du 5 au 25 novembre sur les trois dernières années de la production. Ces sapins sont remplacés par de nouvelles pousses au printemps qui suit. Le producteur type vend son produit sans intermédiaires. Pour sa part, Larry Downey écoule principalement son produit par le biais de grossistes ; mais, depuis quelques années, il ouvre sa plantation à l’autorécolte.

Les menaces

Les mauvaises herbes et les insectes sont les principaux ennemis du sapin. Les pertes annuelles d’une ferme type sont d’environ 6 %. C’est le puceron du sapin qui exige le plus d’attention. « L’importance de la menace varie, explique Larry Downey. Nous sommes actuellement dans un cycle où les populations d’insectes sont en baisse. »

La lutte intégrée

« L’environnement est de plus en plus pris en considération par nos producteurs, poursuit le producteur. Sans pouvoir quantifier leur nombre, plusieurs ont pris le virage vert en adhérant au concept de lutte intégrée. » Appuyée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et les clubs agro-environnementaux, l’ACPAN encourage les producteurs à opter pour des mesures phytosanitaires réduisant l’utilisation des produits de synthèse. Ainsi, des inspections préventives effectuées au printemps permettent d’évaluer le nombre d’œufs d’insectes dans les aiguilles. Grâce à ces données, le producteur n’emploie que les quantités d’insecticides nécessaires. La lutte intégrée offre d’autres options intéressantes et efficaces. Par exemple, on réduit les populations d’insectes en évitant de désherber entre les rangs. Une bonne sélection des arbres aide également. On a développé par greffage des sapins à la croissance plus rapide et au vert plus foncé. Moins de fertilisants sont appliqués. Et, ce qui est bon pour l’environnement s’avère rentable. Ces sapins sont prélevés plus rapidement. Le producteur peut donc offrir cette humble féerie verte à des prix plus avantageux.




 



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