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BULLETIN TP EXPRESS - AVRIL 2010


Jacques Goyette, T.P. 
Portrait d'un expert en chaussées aéroportuaires

Par Gaétan Tremblay, journaliste

Expert en chaussées aéroportuaires n’est pas un titre de carrière banal. Pourtant, pendant une quarantaine d’années, cette expertise a été le quotidien du technologue professionnel en génie civil Jacques Goyette.

S’il est quelqu’un qui pourrait dire que le hasard fait bien les choses, c’est sûrement le technologue professionnel Jacques Goyette. Né à Montréal en 1947, il choisit d’abord d’étudier en comptabilité. Refusé, il suit l’exemple d’amis, et il s’inscrit à l’Institut de technologie de Montréal. Son premier choix, sans raison particulière, est le génie civil. Il est accepté. Il obtient son diplôme en 1969. Il fera partie de la dernière cohorte avant la venue des cégeps. « Je n’ai jamais regretté mon choix où le hasard a eu la plus grande part, avoue-t-il. Le génie civil m’a conduit à une carrière qui m’a procuré passion et accomplissement. »

Transport Canada est son premier employeur. Étudiant, il avait d’abord connu une courte expérience peu concluante d’arpenteur au Canadien Pacifique. L’offre d’emploi de Transport Canada était bienvenue. Jacques Goyette est intégré dans une équipe de 100 employés basée à l’aéroport de Dorval. Le ministère opérait alors un virage important. Il régionalisait la conception des projets, une activité auparavant concentrée à Ottawa. Jacques Goyette sera le premier technologue en génie civil engagé à cette fin. Au début, ni l’employeur ni l’employé ne savaient utiliser ces compétences. « Il a fallu que je crée mon poste, dit-il. » Les premiers mois lui servent à apprendre ce qu’est un terrain d’aviation. Cet apprentissage terminé, il est prêt à réaliser ses premiers plans et devis.

« Un aéroport, c’est plus qu’une piste d’envol, explique-t-il. C’est une véritable ville avec ses aqueducs, ses routes et ses édifices. » Son travail de technologue en génie civil l’amène à toucher à tout, à l’exception des bâtiments. Le premier projet auquel il contribue fut l’ajout d’une nouvelle piste à l’aéroport de Saint-Hubert en Montérégie. « C’était une tout autre époque, dit-il. Tout se faisait avec une règle à calculer, et les dossiers étaient dactylographiés. » Il participe ensuite à la réalisation du terrain d’atterrissage de Purvunituq au Nunavik.

Ces projets sont le début d’une longue série. À l’exception de celui des Iles-de-la-Madeleine, Jacques Goyette a travaillé à tous les aéroports du Québec et des Territoires-du-Nord-Ouest, soit plus d’une centaine. « Je suis vite devenu un habitué de l’avion, ajoute-t-il. J’ai parcouru sans doute plus de kilomètres dans les airs qu’en automobile. » Les vols, faits souvent en D-C3, exigeaient parfois des qualités de pilote de brousse. Chanceux, il n’a vécu que peu d’expériences critiques et il conserve un excellent souvenir de ces très nombreux vols. Il est souvent absent du foyer. Lorsqu’il est responsable de la surveillance des travaux, il demeure éloigné jusqu’à trois mois.C’est une vie qui lui plaît. Il ne craint pas de dormir à la dure, se nourrir de conserves, ni subir les assauts de bataillons d’insectes. « Une belle vie pour un fonctionnaire, lance-il en riant. »

Les chaussées aéroportuaires
Jacques Goyette a acquis une expertise très particulière en conception de chaussées aéroportuaires. « Tout ce qu’il faut savoir est codifié dans un document nommé TP-312 qu’il faut adapter à la situation, explique-t-il. Chaque aéroport est différent; le site, le type d’avion, etc., modifient la conception. » Contrairement à une route, les pentes transversales et longitudinales sont très faibles. La conception doit prévoir les espaces de dégagement en bout de pistes. Les matériaux sont semblables à ceux d’une route. C’est le taux de compaction qui diffère. La piste doit supporter dès sa mise en service les importantes charges que constitue un gros aéronef rempli de matériel. Toutefois, certaines données ne peuvent être prévues à la conception. C’est le cas des changements climatiques qui affectent déjà les aéroports du Grand-Nord dont les pistes, bâties sur le pergélisol, subissent les effets du dégel.

Concepteur pigiste
En 1990, le bureau de Dorval passe sous la responsabilité de Travaux publics Canada. Ce fut un choc. La mentalité est différente. La nouvelle direction recherche une rentabilité difficile à atteindre. Certains projets sont de nature moins aventurière comme la surveillance de chantier du réseau routier du poste douanier de Lacolle. En 1998, il effectue un travail similaire à celui de Rock Island sur l’autoroute 55. Ce sera son dernier projet à titre de fonctionnaire. En effet, le gouvernement fédéral a décidé de mettre au régime la fonction publique en instaurant un programme de mise à la retraite anticipée. Jacques Goyette, qui compte déjà trente ans de carrière, saisit l’occasion. Cette expertise technique dont le gouvernement se sépare est vite sollicitée par l’entreprise privée qui se positionne pour obtenir les contrats de réalisation et d’entretien d’aéroports. Parmi ces entreprises se trouve Gestion aérotech, le futur employeur de Jacques Goyette. Finalement, la retraite est de courte durée. « Pigiste, dit-il, j’ai pu choisir mes mandats. Mais au cours des cinq années qui suivirent, j’ai travaillé plus qu’auparavant. »

Le Nord québécois

Son projet le plus satisfaisant a été la construction de onze aéroports dans le Nord québécois. Le projet, d’environ 110 millions de dollars, a duré 10 ans. Il était le fruit d’une entente Québec-Ottawa où le fédéral construisait les installations pour en remettre ensuite la responsabilité au Québec. En équipe avec un ingénieur, Jacques Goyette choisit les sites, prépare le travail d’arpentage, exécute les plans et supervise les travaux. Les séjours d’une semaine sont nombreux. « Ces aéroports étaient nécessaires, explique-t-il. Les populations, comme celle d’Umiujaq, étaient auparavant approvisionnées par bateau deux fois par année. L’aéroport a brisé cette isolation et augmenté la qualité de vie. »

L’OTPQ
Jacques Goyette avait adhéré à l’OTPQ aussitôt après la fin de ses études en 1969. Une décision qui allait de soi. « Étant diplômé d’un collège technique, je devais devenir membre de l’organisation qui regroupait ces diplômés, explique-t-il. » C’est tout aussi normalement qu’il a apposé son sceau sur ses premiers plans et devis. Malheureusement, Transport Canada ne voyait pas les choses du même œil, et le sceau apposé fut celui d’un ingénieur. Cette intransigeance n’a diminué en rien son désir d’appartenance. Retraité, il demeure membre. « À l’époque l’adhésion comportait déjà bien des avantages, précise Jacques Goyette. Nous avions des services, des assurances, et surtout de l’information professionnelle. » Il envie quand même la qualité des services dont profitent aujourd’hui les membres de l’OTPQ.

La retraite
Depuis deux ans, Jacques Goyette, T.P., profite d’une véritable retraite, mais sans cesser d’être actif. En compagnie de sa compagne, il a notamment visité l’Italie et l’Amérique du Sud. Le couple prépare un voyage en Chine. Bricoleur, il s’emploie à tout refaire chez lui. Adepte de la raquette et du vélo, il a plus récemment découvert le géocaching, une activité utilisant un GPS qu’il pratique à l’occasion avec un de ses trois petits enfants.

 

 


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