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BULLETIN TP EXPRESS - AVRIL 2009


L'AÉROGEL : UN ISOLANT DE L'ÈRE SPATIALE
Bâtiment écoénergétique
Par Gaétan Tremblay

Si la recherche spatiale est extrêmement coûteuse, les innovations qui en découlent sont parfois paradoxalement la source d’économies à large échelle. L’aérogel est un de ces produits qui pourrait révolutionner l’industrie du bâtiment.

L’énergie est tout au haut des enjeux cruciaux qui préoccupent l’humanité. Et pour cause, puisque nous faisons un usage discutable d’un bien non durable. Dans les pays industrialisés, plus du tiers de l’énergie anthropique est englouti par le chauffage ou la climatisation des bâtiments. Pourtant, le rendement énergétique de la plupart des bâtiments laisse beaucoup trop à désirer. En effet, 30 % de cette énergie traverse les murs pour se perdre dans les espaces extérieurs. Mais la solution pourrait justement venir de l’espace ou des tentatives pour s’y rendre. La NASA a utilisé un aérogel de silice pour fabriquer un collecteur de poussière sur la sonde Stardust. Ce produit pourrait améliorer sérieusement le rendement énergétique de l’enveloppe de tous nos bâtiments petits et grands.
L'aérogel peut protéger les crayons car il ne fond qu'à 1 200°C.

L’aérogel de silice a été inventé en 1931. Depuis, d’autres polymères ont été utilisés, le dernier en liste étant le carbone en 1990. C’est toutefois l’aérogel de silice qui, grâce à structure nanométrique de l’ordre de 10 à 20 nm, possède les meilleures caractéristiques isolantes. Composé d’air à plus de 99,8 %, sa densité est de 3 mg/cm3. Deux fois plus lourd que l’air, c’est le plus léger des solides connus.

Un isolant miracle

Si l’intérêt pour l’isolant miracle est international, ce sont des fabricants étasuniens — les compagnies Acoustiblok et Aspen Aerogel — qui ont les premiers commercialisé le produit. L’aérogel spatial étant toutefois très fragile et peu résistant, les chercheurs ont voulu le rendre plus malléable en y ajoutant des fibres. Ainsi, ce nouveau matériau composite peut être plié et compressé sans rien perdre de ses impressionnantes propriétés isolantes. L’aérogel isolant stoppe à la fois les trois modes de propagation thermique : la conduction, la radiation et la convection. Des trois, c’est la conduction qui cause le plus de pertes occasionnées entre autres par les ponts thermiques qui affaiblissent l’enveloppe du bâtiment. L’aérogel composite démontre ici sa grande efficacité. En effet, il suffit d’une mince feuille de 6,25 mm appliquée sur un mur pour réduire les pertes de 30 % alors qu’une feuille de 9,5 mm les abaisse à 42 %. Les économies sont substantielles. Selon le fabricant Acoustiblok, si on enveloppe de ThermablokTM une maison du sud des États-Unis de 700 m2 auparavant isolée avec un facteur de R-13, l’économie d’énergie sera de 750 $. Plus encore, cette économie se double d’un gain environnemental appréciable : cette maison réduira annuellement ses émissions de 3,9 tonnes de CO2.

Déjà avantageux, ce produit offre plus. Totalement recyclable, il est sans risque pour l’environnement. Inaltérable, il résiste à l’humidité et aux moisissures. À l’épreuve du feu, il est excellent en acoustique. Une feuille d’aérogel équivaut à un mur de béton de 24 pouces. Facile à appliquer en bandes ou en feuilles grâce à sa pellicule collante, il est composé de 30 % de matières recyclées. Fabriqué en Amérique du Nord, l’aérogel répond parfaitement aux critères de la maison verte. Il est de plus aisément transportable en raison de son poids négligeable. Avec de telles caractéristiques, on peut se demander quelles parts du marché resteront bientôt aux autres matériaux d’isolation.

 



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